On écrit d'Hallois-lès-Pernois (Somme):
Dimanche dernier, à la suite des élections municipales, où M. Carette, riche cultivateur, venait d'être élu, le berger de celui-ci, heureux du succès de son maître, eut l'imprudence, en exprimant sa joie, de montrer, dans un cabaret, une somme de 300 fr. qu'il venait de toucher pour prix d'une vente de moutons.
La nuit venue, ce berger s'en alla parquer dans les champs avec son troupeau; le lendemain matin, suivant l'habitude, un enfant lui apportait à manger, et, ne le trouvant pas, déposait les vivres dans la cabane du berger, pensant que celui-ci viendrait les prendre plus tard.
La journée se passa. Mais, le mardi, ne voyant pas reparaître le berger, on s'inquiéta de son absence et on fit des recherches pour le retrouver.
Les vannes des moulins furent ouvertes, et mercredi on retirait de l'eau le malheureux dont les poignets étaient attachés et qui avaient la figure couverte jusq'au menton avec son bonnet.
Tout attestait un crime. Le parquet de Doullens, imédiatement prévenu, se rendit sur les lieux.
La victime était âgée de trente-cinq ans et avait l'estime de tout le monde. Ce malheureux laisse une veuve et un enfant.
Source : Le Temps du 26 septembre 1876 N° 5641